Valoriser des terres agricoles tout en contribuant à la production d’énergie renouvelable devient possible grâce à l’agrivoltaïsme.
Il s’agit d’une technique récente permettant de concilier les avantages de l’agriculture et la production d’énergie renouvelable.
Une installation est dite agrivoltaïque quand elle associe la production d’électricité via des panneaux photovoltaïques et la production agricole sur la même surface.
Le mouvement est en marche : la filière de l’agrivoltaïsme est en pleine structuration afin de garantir des projets vertueux et durables.
Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?
Sa définition, d’après l’ADEME, repose sur la notion de synergie entre production d’électricité d’origine photovoltaïque et production agricole. L’agrivoltaïsme apporte ainsi un service avec un bénéfice direct pour une parcelle agricole, sans en diminuer le rendement.
Par exemple, les panneaux photovoltaïques peuvent servir à protéger une production végétale des aléas du climat comme un ensoleillement excessif ou le gel.
Les installations photovoltaïques sur terres agricoles sont regroupées en deux catégories.
L’agrivoltaïsme d’élevage consiste à créer une synergie entre production d’électricité d’origine photovoltaïque et élevage, notamment d’ovins, de bovins, de volaille ou encore de porcs. Les panneaux photovoltaïques peuvent alors servir d’abri pour les animaux.
L’agrivoltaïsme de culture vise à favoriser l’installation de panneaux solaires pour le développement de la viticulture, de l’arboriculture ou encore le maraîchage. L’installation peut par exemple protéger le sol de la sécheresse ou protéger les cultures de la grêle.
Une filière agrivoltaïque en pleine structuration
L’agrivoltaïsme est un sujet en pleine structuration. Différentes organisations ont été créées afin d’accompagner son développement. Des labels existent également pour définir des normes de qualité pour les projets agrivoltaïques en France.
Projet de loi APER
Un projet de texte d’application de la loi APER (Accélération de la Production d’énergies renouvelables), datant du 10 mars 2023, a été présenté fin juin. Ce texte a notamment pour objectif de préciser les conditions de mise en place de toute installation agrivoltaïque, dans le cadre de la mise en place des zones d’accélération sur le territoire.
Le décret du 8 avril 2024 vient également apporter des précisions sur l’agrivoltaïsme, nous avons détaillé pour vous son contenu dans cet article.
Les organisations liées à l’agrivoltaïque
Différentes organisations ont été créées afin de structurer la filière de l’agrivoltaïsme en France.
L’association France Agrivoltaïsme rassemble les acteurs de la filière, à savoir les professionnels de l’agriculture, du secteur de l’énergie et des technologies photovoltaïques.
Les missions de l’association sont les suivantes :
- Contribuer à la structuration de la filière agrivoltaïque en France,
- Travailler de concert avec les acteurs territoriaux pour donner aux projets un caractère équitable et responsable,
- Promouvoir les atouts de l’agrivoltaïsme auprès du grand public.
La FFPA (Fédération Française des Producteurs Agrivoltaïques) rassemble les associations d’agriculteurs et les agriculteurs qui ont fait le choix de s’engager dans l’agrivoltaïsme. La FFPA prône l’agrivoltaïsme comme une solution permettant :
- De favoriser un modèle vertueux résistant aux aléas du climat,
- De diversifier et de sécuriser les productions agricoles,
- De générer de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs,
- De fonder un écosystème solidaire répondant aux attentes des citoyens et des territoires.
Des outils pour accompagner le développement de la filière
L’agrivoltaïsme nécessite un cadre permettant d’assurer que chaque projet priorise la performance agricole. C’est l’objet de la loi citée ci-dessus. Il existe également des labels fixant des cahiers des charges spécifiques :
Tout d’abord, le label AFNOR vise la mise en place d’un cadre qualitatif et transparent. L’objectif de ce label est de favoriser le développement des projets agrivoltaïques vertueux et de structurer la filière qui émerge. Chaque porteur de projet peut potentiellement bénéficier du label AFNOR.
L’Institut de l’Élevage (Idel) propose de son côté un guide “L’agrivoltaïsme appliqué à l’élevage des ruminants” à destination des éleveurs et des gestionnaires de centrales photovoltaïques au sol. Il vise à accompagner tout projet, de la conception de l’installation photovoltaïque à l’évolution du système de production agricole. Ce guide comprend aussi un volet partenarial qui est essentiel pour la durabilité d’un projet.
Quels sont les différents types d’installations agrivoltaïques ?
Il existe plusieurs technologies à disposition des porteurs de projet agrivoltaïque pour s’adapter à la diversité de terres agricoles.
- Les ombrières fixes sont des installations en hauteur. Elles sont adaptées aux productions agricoles comme la culture du maïs, du blé ou encore pour le maraîchage.
- Les ombrières dynamiques sont également des installations en hauteur. Elles peuvent être orientées pour protéger les cultures des intempéries ou pour gérer l’ensoleillement et l’ombrage.
- Les serres photovoltaïques sont similaires aux serres classiques. Des modules photovoltaïques remplacent des verres horticoles en toiture. Leur principale différence avec les serres classiques est l’ombrage sous-jacent.
- Les panneaux solaires peuvent également être installés directement au sol. Il s’agit alors de centrales photovoltaïques, couplées à du pâturage sur des prairies permanentes. Leur installation est nécessairement adaptée aux contraintes de l’activité agricole.
- Enfin, un tracker solaire permet d’orienter en permanence et de manière automatisée les panneaux photovoltaïques face au soleil. Afin de favoriser une production optimale, les rayons solaires doivent frapper perpendiculairement les modules.
Les principaux avantages de l’agrivoltaïsme en France
L’agrivoltaïsme représente plusieurs opportunités pour les exploitants agricoles :
- lutter contre les aléas climatiques
- valoriser les terres agricoles
- protéger les animaux
Lutter contre les aléas climatiques
L’agrivoltaïsme est tout d’abord une solution pour se protéger des aléas climatiques et de ses conséquences. Chaque année, de nombreuses cultures sont en effet abîmées par des orages de grêle ou par le phénomène de canicule. Cela a pour conséquences des pertes de revenus importantes pour les agriculteurs.
L’agrivoltaïsme protège de ces aléas et peut être bénéfique pour la pousse de l’herbe dans les zones séchantes. Il limite également l’évapotranspiration des sols et constitue une protection contre les brûlures foliaires.
Valoriser les terres agricoles
Un projet agrivoltaïque contribue à l’amélioration des qualités d’un sol et à l’augmentation de son rendement agricole. Il peut également permettre de remettre en activité un sol inexploité depuis plusieurs années.
Un projet est donc une opportunité de conserver une activité agricole dans les zones de déprise agricole, c’est-à-dire là où les agriculteurs ont du mal à maintenir leur activité.
Protéger les animaux
Une installation agrivoltaïque permet enfin une amélioration du bien-être animal. Elle peut en effet servir d’ abri, protégeant alors les animaux des intempéries ou des fortes chaleurs grâce au système d’ombrage.
Conclusion
Au final, la filière agrivoltaïque offre des perspectives intéressantes. Elle s’inscrit dans un modèle vertueux, contribuant au développement des énergies renouvelables en France tout en étant un outil de protection des cultures et de l’élevage.