Le développement de l’énergie éolienne terrestre fait partie de tous les objectifs de transition énergétique en France. La Programmation Pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe un objectif ambitieux de 33,2 Gigawatt (GW) à 34,7 GW installés d’ici à 2028. Cependant, l’objectif intermédiaire qui visait 24,1 GW a été manqué de 2,2 GW. Pourquoi ce retard ? De nombreux éléments y ont contribué. Parmi eux, une réticence des français à cette énergie est souvent avancée. En effet, les éoliennes font souvent l’objet de vifs débats et de controverses !
Réels inconvénients ou fausses informations ? Nous allons tenter de démêler le vrai du faux pour vous présenter les réels avantages et inconvénients des éoliennes. Nous reviendrons également sur les idées reçues fréquentes qui viennent entraver la bonne compréhension de ce mode de production d’énergie renouvelable.
Les principales idées reçues sur l’éolien
On redémarre des centrales à charbon à cause de l’intermittence des éoliennes
Il est vrai qu’une éolienne ne produit pas en permanence et ne permet pas, à elle seule, de répondre aux besoins de l’ensemble des consommateurs du réseau électrique. C’est également le cas du photovoltaïque.
Le fonctionnement du système électrique nécessite la disponibilité d’une variété d’installations avec des technologies différentes et une répartition sur l’ensemble du territoire.
Toutefois, contrairement à une idée reçue, on ne peut pas dire que l’énergie éolienne est intermittente. Elle est variable et prévisible. D’après un guide de l’ADEME, une éolienne produit dès que le vent souffle à environ 10 km/h et tourne en moyenne 75 % à 95 % du temps.
L’immobilier est déprécié à cause des éoliennes
Des mâts surgissent à proximité d’une localité et c’est tout son marché immobilier qui s’effondre ? Il n’en est quasiment rien d’après une étude “Éoliennes et immobilier” de l’Agence de la transition écologique.
Les biens situés à plus de 5 km d’un parc éolien ne subissent aucune décote. Pour les biens à moins de 5 km, la perte de valeur se limite à 1,5 % en moyenne du mètre carré. Cette décote concernerait 10 % des biens vendus entre 2015 et 2020, chiffre qualifié de « très faible ».
Nous n’avons pas besoin des éoliennes car le mix énergétique est déjà décarboné
Les éoliennes françaises remplacent le plus souvent des installations utilisant des combustibles fossiles en France ou en Europe. Le Réseau de Transport de l’Electricité (RTE) confirme l’intérêt d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix électrique. A terme, la croissance de la production d’énergie renouvelable en France aura pour effet de se substituer à des productions au gaz et au charbon hors de la France. Cela permettra une réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle européenne.
De plus, la production de la France dépend beaucoup du nucléaire. Certes, c’est une énergie dite décarbonée mais elle n’est pas renouvelable puisqu’elle utilise l’uranium comme combustible. Il est donc important de diversifier les moyens de production d’électricité.
Enfin la transition énergétique implique également une augmentation de la consommation électrique. En effet les énergies thermiques sont bien souvent remplacées par une solution électrique : chauffage, transports… les énergies renouvelables, dont les éoliennes, seront donc indispensables pour couvrir ces besoins sans avoir recours à des énergies fossiles (la création de nouvelles centrales nucléaires étant trop longues pour couvrir ces besoins à temps.)
Les limites de l’énergie éolienne
Toute source d’énergie a ses limites et ses inconvénients. Dans le cas des éoliennes, l’accent est souvent mis sur les limites, parfois à tort. Nous allons donc évoquer ces limites réelles et les points d’attention à prendre en considération lorsqu’on considfère le développement d’un parc éilien.
L’éolien a un impact sur le paysage
Les débats sur l‘impact paysager des éoliens sont vifs. La France va-t-elle être couverte d’éoliennes pour répondre à la demande croissante d’électricité des foyers ?
Une étude prospective sur l’évolution du système électrique intitulée « Futurs énergétiques 2050 » réalisée par RTE apportent des éléments précis sur le sujet. D’après cette projection, la densité d’éoliennes terrestres sur le territoire français en 2050 sera dans tous les cas inférieure à celle observée actuellement en Allemagne.
La France compte en 2022 environ 9 000 éoliennes terrestres. En comparaison, l’Allemagne en compte 30 000 éoliennes sur un territoire 1,5 fois plus petit. Le débat devrait donc davantage se situer autour de leur répartition sur le territoire.
Une éolienne peut provoquer des nuisances sonores
C’est une source d’inquiétude majeure pour les riverains lors de l’implantation d’un parc éolien : cela va-t-il générer des nuisances sonores ?
Les éoliennes émettent principalement des basses fréquences entre 20 Hz et 100 Hz. À 500 mètres de distance, ce son est inférieur à 35 décibels, soit moins qu’une conversation à voix basse.
Une première étude de l’ANSES ne met en évidence aucun élément scientifiquement mesurable permettant de faire un lien de causalité direct entre d’éventuels symptômes de stress et l’exposition aux infrasons générés par un parc éolien.
L’éolien représente un (faible) danger pour la biodiversité
Dans une étude datant de 2017, la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) estime qu’une éolienne peut être responsable de la mort de 0,3 à 18 oiseaux par an.
Si il est vrai que les éoliennes peuvent avoir un impact sur ce plan, il faut savoir que ce risque est pris en compte et des mesures sont prises à toutes les étapes du projet.
Des études sont réalisées avant tout projet d’installation d’éoliennes. Elles visent à identifier les espèces d’oiseaux et de chauves-souris présentes sur le potentiel site d’implantation et à analyser leur comportement.
L’implantation d’éoliennes doit se faire hors des couloirs de migration ou des zones sensibles pour oiseaux nicheurs. Il existe par ailleurs des systèmes de bridage des éoliennes en période de forte activité des chauves-souris ou de passage d’oiseau.
Une fois l’installation mise en service, un suivi environnemental obligatoire permet de s’assurer de l’efficacité des mesures visant à éviter ou réduire un impact négatif sur la biodiversité.
Les principaux avantages de l’éolien
L’éolien est une énergie bas carbone
Selon un rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) l’intensité des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à l’énergie éolienne est comprise entre 8 et 20 g CO2/kWh. À titre de comparaison, le gaz fossile émet par exemple 490 g de CO2/kWh.
Il est à noter qu’une éolienne n’émet du CO2 qu’au moment de sa construction. L’éolienne est composée de béton pour les fondations, de métaux (acier, fer, cuivre et fonte) et de matériaux composites. Ces composants sont recyclables à 90 %.
À ce jour, les pales sont rarement faites en matériaux recyclables, mais la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoit le recours à des pales 100 % renouvelables d’ici à 2040.
Le développement de la filière de l’éolien apparaît donc indispensable pour atteindre la neutralité carbone en 2050 en France.
L’éolien crée des emplois en France
Une étude sur la filière éolienne française menée par l’ADEME montre que le développement de la filière éolienne contribue directement à la croissance de l’emploi sur le territoire
La filière éolienne, comprenant l’éolien terrestre et l’éolien en mer, représente ainsi plus de 20 000 emplois directs et indirects. On compte plus de 600 entreprises de toute taille actives sur le marché français et à l’export. Cela représente une augmentation de 11 % depuis 2018 et 25 % depuis 2016.
Les éoliennes génèrent des retombées économiques locales
L’implantation d’un projet éolien génère une activité localement, faisant intervenir des TPE, PME et des entreprises de taille intermédiaire de proximité pour réaliser différents travaux.
Ces entreprises peuvent notamment réaliser la conduite des études de site, l’exploitation et la maintenance des parcs parc éoliens.
La création d’emplois liés au développement d’un parc éolien connaît un pic durant la construction. Puis l’exploitation et la maintenance sont les activités les plus porteuses sur le long terme.
Vous vous demandez combien rapporte une éolienne ? La réponse est dans cet article.
Les prix de production deviennent compétitifs
Les baisses passées et les baisses futures des coûts de production de l’énergie renouvelable alimentent les débats depuis de nombreuses années. L’ADEME apporte régulièrement des données précises sur le sujet pour nous éclairer.
Une étude apporte ainsi des informations sur le coût de production de l’éolien : il était de 60,8 €/MWh en 2016 et poursuit sa baisse. Son prix pourrait atteindre 50 €/MWh en 2030. À titre de comparaison, on estime le coût de production d’une centrale à gaz neuve est entre 90 et 100 €/MWh.
Les éoliennes sont fabriquées en Europe
Non, toutes les éoliennes ne sont pas fabriquées en Chine. L’europe a développé un grand écosystème de fabricants et fournisseurs composés de 250 usines implantées en France et en Europe. Ce qui fait de l’Europe la deuxième plus grosse région de profuction d’éoliennes dans le monde. D’ailleurs la quasi-totalité des éoliennes implantées en Europe ont été assemblées en Europe.
GE Renewable Energy, branche de la multinationale américaine General Electric, possède plusieurs usines en France dont celle de Saint-Nazaire.
Vestas, entreprise d’origine danoise, compte une usine de production à la pointe de la technologie à Vivegnis dans le Pas-de-Calais.
POMA, plus connue pour son expertise dans les téléphériques, a également monté une division éolienne. Elle a collaboré avec un fabricant allemand pour produire des éoliennes.
L’énergie éolienne : une énergie indispensable à implanter dans les territoires qui s’y prêtent.
S’il faut évidemment étudier attentivement les projets d’implantation pour éviter tout impact négatif, le développement de l’énergie éolienne apparaît donc indispensable pour lutter contre le dérèglement climatique et répondre aux besoins croissants en électricité. Pour lutter contre certaines idées reçues, il existe de nombreuses mesures visant à encourager les collectivités et les citoyens à participer davantage aux décisions.